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L’histoire du site des Emmurées commence par
l’installation d’un petit établissement monastique à cet
endroit. Il aurait dépendu de l’importante abbaye
ligérienne de Marmoutier. On ne sait pas à quelle époque
il avait été crée, mais c’est vraisemblablement avant le
Xe siècle. La Chronique de Normandie
note sa dévastation par Raoul Torte lors des troubles de
la minorité de Richard Ier, en 962. Il
faisait partie des dépendances de l’abbaye de
Marmoutiers-les-Tours. Quoi qu’il en soit, il existait
là au début du XIIIe siècle, un manoir de
St-Mathieu, appartenant à l’archevêque de Rouen.
Le Jacobins, de l’ordre de saint Dominique, y furent
installés par l’archevêque Thibaut d’Amiens à leur
arrivée à Rouen, en 1222 ou 1223. Il y restèrent peu de
temps car, en 1247, saint Louis leur donna une place
dans la ville. L’archevêque en reprit possession.
En 1261, il fut donné en échange au roi saint Louis par
Eudes Rigaud, contre des rentes qu’il lui devait. Saint
Louis, y installa des sœurs |
Jacobines
venues du monastère de Montargis. La donation fut
confirmée en août 1269, date de la chartre officielle de
fondation. Il s’agissait à l'origine d’un prieuré.Le roi
s’engagea aussi à bâtir, au manoir St-Mathieu, un
nouveau sanctuaire conventuel pour ces religieuses.
Dans cet espace ouvert (il n’était pas protégé par des murailles
militaires), menacé par les crues de la Seine, le
sanctuaire vécut des moments difficiles. Chaque siège
militaire amenait la ruine, les rouennais eux même
détruisant le monastère pour éviter qu’il ne devint un
abri pour des assaillants. Il fut ruiné aux XIVe
et XVe siècles lors des opérations de la
guerre de cent ans, en particulier lors du terrible
siège de 1418-1419. Il souffrit à nouveau en 1562,
envahi et incendié par les protestants. En 1591, le
siège d’Henri IV amena à nouveau son incendie. En 1740
ce fut une terrible inondation qui endommagea les
locaux.
Relevé au XVIIe siècle, il resta l’un des
principaux établissements religieux de la ville jusqu’à
la Révolution, tout en subissant le déclin général des
institutions monastiques à la fin de l’ancien régime.
Le monastère des Emmurées occupait un vaste quadrilatère
de terrain situé à l’ouest de la rue St-Sever ,
pratiquement à mi distance de l’église du quartier et de
la rive de la Seine.
Les bâtiments entouraient les galeries d’un cloître. Le
reste du terrain était à usage de jardins.
L’église, orientée à l’est, ne comportait qu’une nef
voûtée de bois
ornée de remarquables culs-de-lampe dorés et peints. Le
chœur était très simple, terminé par une petite chapelle
axiale. La longueur de l’édifice était de 58 mètres de
long sur 9 mètres de large.
Un élégant petit clocher complétait l’ensemble. Une
tourelle octogonale surmontée d’une flèche effilée était
installée sur la première travée au bas de la nef.
A la Révolution, les religieuses renoncèrent rapidement
à la vie commune, avant même la dissolution des ordres
religieux. Leur église avait été choisie pour être
érigée en église paroissiale en 1790, sous le nom de
St-Benoît, succursale de St-Sever. Elle fut fermée au
culte en 1792 et finalement désaffectée en 1797.
L’ensemble du monastère furent mis à la disposition de
l’armée...
En 1809, une école gratuite pour les filles pauvres du
faubourg, occupa une partie des locaux vacants, prêtés
par le Ministère de la Guerre. Elle était tenue par deux
sœur de la communauté d’Ernemont, elle sera ensuite
école pratique de l’industrie.
Devenu annexe de la caserne St-Sever, un quartier de
cavalerie y fut installé.
Dans la nuit du 11 mars 1875, un incendie dévasta
l’église. Le murs calcinés furent abattus en 1883. En
1926, des locaux sont encore occupés par l’armée.
Une partie de l’emplacement des jardins avait servi à
l’implantation d’une usine à gaz d’éclairage et à
l’installation d’un marché. En 1933, les vestiges des
Emmurées furent rasés pour permettre la construction
d’une grande halle de marché. Elle fut elle même
remplacé par un parking surmontant un marché couvert
dans les années soixante du XXe siècle. A
l’emplacement des bâtiments conventuels, un ensemble
d’habitations HLM fut construit, faisant disparaître les
dernières arcades de ce qui fut le cloître des Emmurées.
Quelques minces fragments d’arcades sont encore insérés
entre les constructions en briques, d'autres sont
signalées vers 1950, au Jardin des Plantes. |
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Histoire de la ville de Rouen, F. Farin, 3e ed., 1738, t. VI,
p. 231-242.
Abrégé de l'histoire ... de la ville de Rouen, Lecoq de
Villeray, 1759, p. 407-409.
Dictionnaire géographique, historique et politique des Gaules et de
la France, J. J.
Expilly, Tome VI, 1770, p. 457-458.
Tableau de Rouen, Machuel, 1777, p. 179.
Exploration de la
Normandie - Rouen, Walsh, 1835,
p. 337-338.
Description
historique des maisons de Rouen, E. de la Quérière, 1821,
p.242-243. T. II, 1841, p. 263-264.
L'ancienne église des Emmurées,
E. de la Quérière.
Le monastère des Emmurées,
P. Baudry, revue de Rouen, 1848, p. 545-560.
Notes sur el monastère des Emmurées de Rouen,
Abbé Sauvage.
Répertoire
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Note sur les Emmurées de Rouen, Ch. de Beraurepaire, Bull.
CDA, 1879-1881, p. 385-386.
Sotteville-lès-Rouen et la faubourg de Saint-Sever, P. Duchemin,
1893, p. 453-466.
les Emmurées, fragment d'épitaphe, P. Baudry, Bull. CDA,
1897-1899, p. 50-53.
Epaves archéologiques, G. Dubosc, Bull. CDA, 1900-1902, p.
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Pierre des Emmurées, P. Baudry, Bull. CDA, 1906-1908, 335-336.
Notes à propos d'une maison de la rue des Emmurées, Ch. de
Fortin, Bull. AMR, 1911, p. 4, 113,-117.
Restes du couvent des Emmurées, F. Guey, Bull. CDA, 1920-1931,
p. 73.
Un précieux Monument à sauver : le Cloître des Emmurées, Journal de
Rouen, 14 avril 1932, p. 3.
Vestiges de l'ancien cloître des Emmurées, Ch. Farcy, Bull.
AMR, 1932-1934, p. 20, 22.
Histoire ancienne et moderne de la paroisse de Saint-Sever, Ch. Farcy, 1933,
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Les abbayes de Normandie, G. Décultot et A. Fonteneau, 1979,
p.191-196 et p. 327-349.
La peinture d'inspiration religieuse à Rouen au temps de Pierre
Corneille, M. A. Dupuy, 1984, p. 146.
Rouen aux 100 clochers, F. Lemoine et J. Tanguy, 2004, p. 149-151. |