Saint-André de la Porte aux Fèvres

L’église St-André-de-la-Ville se trouvait au croisement de la rue aux Ours et de la rue Ancrière, une rue disparue lors du percement de la rue Jeanne d’Arc. C’était le centre d’une paroisse peu étendue. Un dénombrement de 1248 lui donne seulement soixante maisons.
Elle était aussi appelée église St-André-de-la-Porte-aux-Fèvres. La porte était percée dans la muraille gallo-romaine au niveau de la rue aux Ours. Dans ce quartier, originellement situé hors la ville, s’étaient réunis les travailleurs du fer, les Fèvres ou Febvres (du latin faber), signifiant forgeron. On l’a appelée St-André-de-la-Ville pour la différencier d’une autre église, St-André-Hors-la-Ville, située près de la porte cauchoise.
La première mention de la paroisse remonte au XIe siècle. Elle était église paroissiale en 1124. Elle est ensuite citée dans le Pouillé d’Eudes Rigaud (XIIIe siècle).
L’église avait été reconstruite à la fin du XVe et au début du XVIe siècles. Commencée en 1486, elle fut dédiée en 1526.

Comme il manquait 140 livres pour terminer le chœur, les paroissiens durent consentir de gros efforts. Ils s’imposèrent une taxe en fonction de la longueur de leur façade, de « trois sous par pieds d’héritage ». La tour n’était pas encore construite. Elle ne le fut qu’en 1542-1546. Ebranlée en 1581, 1609, 1627, 1669 par des vents violents, elle fut renversée par un ouragan le 25 juin 1683. L’église fut tellement endommagée que le culte ne put s’y poursuivre. La messe fut dite en la collégiale St-Georges voisine. L’église fut réparée, mais la flèche ne fut jamais reconstruite…
En 1562, comme les autres paroisses de la ville, St-André fut dévasté par les Huguenots.
L’église présentait comme une synthèse de l’architecture religieuse dans la première moitié du XVIe siècle. La nef était un peu plus élevée que le chœur et avait deux ailes où étaient les chapelles de la Vierge et de la Passion. Au-dessus, une magnifique rose flamboyante était un don de la famille de Villequier.
Le portail principal, construit en 1557, s’ouvrait sur une cour fermée du côté de la rue aux Ours par une grille de fer. Il avait un tympan décoré d’une annonciation sculptée et peinte.

Le portail nord donnait sur la rue aux Ours. Les vantaux de la porte représentaient une pêche miraculeuse.
La tour est particulièrement remarquable. Elle a été construite dans un style qui unit gothique et renaissance. Elle était surmontée par une remarquable flèche de pierre octogonale d’une hauteur de quarante pieds dont le dessin avait été déposé par l’architecte, Robert Frenelles, à Rome, à la bibliothèque du couvent des Ermites de St-Augustin, où il fut retrouvé au milieu du XIXe siècle.

 
Mobilier

L’église possédait de nombreuses reliques, en particulier « la » côte des onze mille vierges.
Le retable du maître autel avait été exécuté par l’architecte Defrance. Il était orné de trois tableaux de Deshays, gendre de Boucher, datés de 1758-1761.
L’église contenait quelques pierres tombales de riches paroissiens, en particulier celle de Godefroy de Réaume.
Les vantaux de la porte nord avaient été transportés dans l'église Saint-Vincent toute proche. Ils ont été détruits en 1944.


Porte nord

 
Tableaux

Les trois tableaux de Dehays, saisis à la Révolution sont maintenant exposés au Musée des Beaux-Arts.

Saint-André amené par ses bourreaux Le martyre de Saint-André Saint-André mis au tombeau
 
Vitraux

Les fenêtres étaient garnies d’intéressants vitraux, admirables par la vivacité des sujets traités. Un Arbre de Jessé datant de 1490, de grandes figures de vertus exécutées en 1532 par Gabriel Haranc dit Lulluby voisinaient avec une Assomption et une Transfiguration.
Les vitraux de l'église furent acquis en 1828 par You Renaud qui les revendit à des amateurs de Jersey. Seuls, l’Arbre de Jessé  daté de 1490, et des têtes de chérubins sont restés à Rouen. Le premier a été remonté dans l’église St-Vincent. Déposé en 1939, il a été sauvé de la destruction. Il a été exposé à Paris en 1953, à Amsterdam en 1973-1974, à Rouen en 1995-1996, il est actuellement au Musée des Beaux-arts. Les Chérubins avaient été sauvés par l’abbé Lecarpentier, curé de St-Romain. Ils appartenaient à la rose du portail est, restaurée en 1557 par Guillaume Grave Ils entouraient une figuration de Dieu le Père. Au Musée des Antiquités, un vitrail composite contient deux anges adorateurs en grisaille et jaune d'argent, réalisés vers 1530. Le vitrail de sainte Barbe a été achetée par l’architecte de la basilique de St-Denis Debret en 1835. Il n'a jamais été remonté.
Six baies de la nef représentait les Vertus (Force, Foi, Tempérance, Justice, Charité, Prudence). Elle était datée de 1532 et avait été peinte par Gabriel Harenc. Elles ont été vendues par You-Renaud à des Anglais en 1828.
La rose qui surmontait le portail principal avait des vitraux colorés qui représentait Dieu et les légions célestes des anges, chérubins et séraphins.
Le liste des peintre verriers est transcrite dans le livre de M. de Glanville (p.49-51)

Arbre de Jessé (Musée des Beaux-arts - Rouen)

       

Chérubins (Eglise Saint-Romain)

 
Orgues

L'église ne semble pas avoir possédé d'orgues à l'origine. En 1609, on dut en emprunter à l'église Saint-Vivien. Elles devaient être de peu d'importance car elles furent transportée sur une brouette.
Les comptes de 1614 indiquent l'installation d'un instrument réalisé par Crespin Carlier.
Cet instrument a été complètement détruit lors de la grande tempête de 1683.
En 1742, l'église avait acheté l'orgue de l'église du monastère des Bénédictines Hors-le Pont de la rue d'Elbeuf après l'extinction de cette communauté incorporé dans le prieuré Saint-Louis. cela avait couté 1 500 livres. L'instrument fut augmenté par les soins du facteur Lefebure. Une nouvelle tribune fut installée au-dessus du portail et un buffet réalisé par le sculpteur-doreur Le Prince. On utilisa pour le sommier de la tribune un arbre de l'île Lacroix. L'instrument revint en tout à 4 827 livres.
Charles Broche (1752-1803), maître de François-Adrien Boieldieu, a été titulaire des orgues de l’église jusqu’à sa fermeture le 30 avril 1791.

 
Confréries
Charité de l'Annonciation et de la Nativité de la bienheureuse Vierge Marie, fondée le 27 mars 1459.
Confrérie de saint Eloy, pour les serruriers, armuriers, horlogers.
Confrérie de saint Cassian, pour les cartiers.
Confrérie des Trépassés.
Confrérie des écrivains, maîtres d’école. Elle célébrait sa fête le jour de l'Epiphanie.
 
Cloches
En 1636, l'église possédait trois cloches (633, 332 et 93 livres) Cette année là, les fondeurs Nicolas Juppin et Nicolas Burel furent chargés de les refondre pour en faire quatre (613, 446, 334 et 355 livres)
 
Localisation


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Bibliographie
Voyages Liturgiques de France, Moleon (Sieur de), 1718, p. 409-410.
Histoire de la ville de Rouen, F. Farin, 3e ed., 1738, t. IV, p. 327-346.
Abrégé de l'histoire ... de la ville de Rouen, Lecoq de Villeray, 1759, p. 312-313.
Dictionnaire géographique, historique et politique des Gaules et de la France, J. J. Expilly, Tome VI, 1770, p. 423.
Tableau de Rouen,
Machuel, 1777, p. 72-74.
Description historique des maisons de Rouen,
E. de la Quérière, 1821, p.168-169. T II, 1841, p. 203-204.
Lettres sur la ville de Rouen, Alexandre Lesguilliez, 1826, p. 321-322.
Notes sur l'église Saint-André-de-la-Ville, De Glanville, 1859. Extrait des Précis de l'Acad, 1859, p. 327-360.
Pièces diverses concernant l'histoire de Saint-André,
de Glanville, Préc. Acad, 1859, 361-381.
Saint-André de la Ville,
E. de la Quérière, 1862.
Les Tours St-André et St-Laurent,
J. Adeline, dans Rouen Illustré, I, 1862, p. 73-75.
Saint-André de la Ville,
G. Gouellain, Revue de la Normandie, 1862, 695-696.
Saint-André de la Ville, église supprimée en 1791,
E. de la Quérière, 1862.
Coup d'œil  rétrospectif sur 24 églises paroissiales supprimées à la Révolution, E. de la Querrière, Bull Ste d'Emulation, 1864, p.229
Répertoire archéologique du départ. de la S.-Inf., Abbé Cochet, 1871, col, 392.
Saint-André aux Fèvres, E. Marguery, 1877.
Par ci, par là : La Tour Saint-André,
G. Dubosc, Journal de Rouen, 22/11/1925,p. 3.
Nos anciennes églises du XVIe siècle,
E. Faroult, l'Archi et la Construction dans l'Ouest, 1925-18, p. 108-111.
La Tour Saint-André,
dans G. Dubosc, Par-ci par-là, , 4, 1928, p.35-46.
Rouen, C. Enlart, 1928, p. 79-80.
Rouen disparu, Pierre Chirol, 1929, pl. 25 à 28.
Répertoire des Anciennes Confréries et Charités du diocèse de Rouen approuvées de 1434 - 1610
. Abbé Martin, 1936, p143.
Rouen, Ville d'art et d'Histoire, Eglises, chapelles et cimetières à travers les âges. Edgard Naillon, T. 2, 1936
Guide des collections du Musée des Beaux-Arts, Tome II, Marie Pessiot, 1994, p.30-31, 209.
Vitraux retrouvés de Saint-Vincent de Rouen
, Coll., 1995, p.39, 115, 121, 123,155.
Rouen aux 100 clochers, F. Lemoine, J. Tanguy, 2004, P. 32-33.
Rouen à la Renaissance, L.-R; Delsalle, 2007, p.475-479.
Rouen Insolite et Secret, J. Tanguy, T, 3, 2013, p. 36-39.

 

© Copyright Jacques Tanguy, février 2013