Saint-Candé-le-Vieux


Livre des Fontaines de Jacques Le Lieur

L’église St-Cande-le-Vieux était à la fois paroissiale et collégiale. Elle était située au croisement des rues de la Savonnerie et du Bac et jouxtait l’Hôtel de Lisieux. Comme l’église St-Cande-le-Jeune, elle échappait à la juridiction de l’archevêque de Rouen pour dépendre de l’évêque de cette ville. Le duc Guillaume, le futur Conquérant, avait soustrait de l’autorité archiépiscopale, en 1035 puis en 1076,  le sanctuaire St-Cande de son château ducal et des paroisses rattachées à sa collégiale : Sotteville-lès-Rouen, St-Etienne-du-Rouvray, Petit-Quevilly, Petit-Couronne et même Etrépagny, en Vexin normand. Il agissait ainsi pour réduire l’étendue de la juridiction de son oncle, Mauger, archevêque de Rouen bien peu recommandable, et échapper ainsi à son emprise.
Attestée dès le IXe siècle, l’église St-Cande-le-Vieux, à la fois collégiale et paroissiale, n’était primitivement qu’une des deux chapelles du château des ducs de Normandie. L’autre chapelle s’appelait alors St-Romain.

La Basse-Vieille-Tour (partie du château ducal en amont) était reliée au sanctuaire par une galerie voûtée (appelée “sollier”) avant le XIIIe siècle. C’est pourquoi la paroisse porte aussi le nom de St-Cande-du-Sollier.
Cette galerie devait être détruite après arrêt de l’Echiquier en 1508. Une partie de ses vestiges furent reconnus au début du mois de mai 1902 lors des fouilles précédant la construction de la Bourse du Travail sur la Haute-Vieille-Tour.
L'église a aussi porté le nom de St-Cande-sur-Rive. Jusqu’à la période ducale, la rive de la Seine se trouvait plus au nord que la rive actuelle. Elle devait se trouver fort près de l’emplacement de l’église qui nous intéresse. De là vient ce vocable attesté par exemple par un acte de 1190 désignant l’église St-Cande-sur-Rive.
Comme bien d’autres, l’église fut pillée en 1562. Toutefois les reliques de saint Cande auraient miraculeusement échappé au feu et auraient été partagées entre les deux oratoires. Contrairement à une longue tradition, il ne semble pas que ce soit de là que vienne le vocable de « Vieux » à la paroisse. Un acte de 1481 lui donne déjà ce nom. Il semble bien qu’un oratoire de porte (de la porte St-Cande-sur-Rive qui devint ensuite la porte du Bac) ait reçu le vocable du saint et c’est pour éviter les confusions que St-Cande devint « le Vieil ».

L’hôtel de Lisieux, résidence de l’« évêque de St-Cande » occupait toute la partie ouest de l’îlot de l’église. C’est là que mourut subitement le 18 décembre 1442 le fameux évêque Cochon, devenu évêque de Lisieux, qui présida au jugement et à l’exécution de Jeanne d’Arc.
L’église était de petites dimensions. Elle comportait une nef flanquée au sud d’un bas-côtés unique voûté de pierre. Le chevet était plus richement sculpté.
La tour du clocher ressemblait à celle de St-Pierre-du-Châtel. Supprimée à la révolution, elle fut vendue pour une somme de 127.000 livres et détruite de fond en comble en 1796.

 
Clergé
En 1770, le clergé se composait de 9 personnes :
3 chapelains-curés
3 prêtres habitués
2 acolytes
 
Mobilier

Il y avait quelques statues (un Ecce homo près de la grande porte, une Vierge dorée dans la chapelle du même nom, un saint Cande et un saint Victor).

 
Vitraux
La principale décoration de l’église résidait dans les vitraux. Ils ont été achetés par le négociant Van Hamp qui les a transporté en Angleterre, à Norwich. Ils ont complètement disparu.

Le seul vitrail de Saint-Candé le Vieux que nous connaissons a la forme d'un ovale. Il est en verre émaillé et représente les miracle des reliques du saint échappant au feu lors du sac des Huguenots en 1562.
Il a été acquis de E. de la Quérière en 1854 et est conservé au Musée des Antiquités de Rouen.
 
Confréries

Confrérie de sainte Clotilde.
Confrérie de la Doctrine Chrétienne.

 
Localisation


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Bibliographie
Voyages Liturgiques de France, Moleon (Sieur de), 1718, p. 412-413.
Histoire de la ville de Rouen, F. Farin, 3e ed., 1738, t. IV, p.199-218.
Abrégé de l'histoire ... de la ville de Rouen, Lecoq de Villeray, 1759, p. 302-305.
Dictionnaire géographique, historique et politique des Gaules et de la France, J. J. Expilly, Tome VI, 1770, p. 420-421.
Tableau de Rouen,
Machuel, 1777, p. 78-81.
Journal de Rouen,
1793, p.8.
Description historique des maisons de Rouen,
E. de la Quérière, 1821, p.256. T. II, 1841, p. 274.
Lettres sur la ville de Rouen, Alexandre Lesguilliez, 1826, p. 314-315.
Coup d'œil  rétrospectif sur 24 églises paroissiales supprimées à la Révolution, E. de la Querrière, Bull Ste d'Emulation, 1864, p.232
Répertoire archéologique du départ. de la S.-Inf., Abbé Cochet, 1871, col, 389.
Note sur l'église Saint-Cande-le-Vieux, dans Notes historiques et archéologiques, Ch. de Beaurepaire, 1892, p. 273-275.
Rouen, Ville d'art et d'Histoire, Eglises, chapelles et cimetières à travers les âges
. Edgard Naillon, T. 2, 1936
Rouen aux 100 clochers, F. Lemoine, J. Tanguy, 2004, P. 36-37.

© Copyright Jacques Tanguy, février 2013