Saint-Jean sur
Renelle |
Dessin d'Espérance Langlois |
A ses origines, l’église St-Jean était située en dehors
de la ville, sur un terrain marécageux traversé par le
ruisseau de la Renelle. Elle a porté le nom de
St-Jean-des-Prés ou St-Jean-sur-Renelle. Elle était
située là où passe maintenant notre rue Jeanne d’Arc et
où se trouve la station de métro-bus Palais de Justice.
La paroisse procède d’un démembrement du domaine du
prieuré de St-Lô.
Le partage des dîmes entre les chanoines de St-Lô et la
nouvelle paroisse remonte à l’archevêque Rotrou
(1165-1183) et fut confirmé en 1198 par une bulle du
pape Célestin III. A l’époque d’Eudes Rigaud (XIIIe
siècle), la paroisse avait 200 âmes et dépendait du
prieuré de St-Lô.
Une chapelle existait déjà là d’après la tradition,
construite à partir de ruines gallo-romaines. Cette
chapelle était une dépendance de l’hôpital des
Billettes, devenu plus tard commanderie de St-Antoine.
Une construction nouvelle, de style roman
dut la remplacer au XIIe siècle.
L’église fut rebâtie à la fin du XVe siècle
et au début du XVIe.
L’église fut rebâtie à la fin du XVe siècle
et au début du XVIe. |
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A l’angle des rues St-Antoine et
St-Jean, une belle tour carrée surmontée d’un clocher couvert
d’ardoises occupait l’extrémité ouest du bas-côté nord. Commencée en
même temps que l’édifice, elle fut continuée de 1541 à 1547 par
Simon Vitecocq et Guillaume Dodement et terminée au début du XVIIe
siècle.
Il y avait une flèche en bois qui surmontait le comble de l’église.
En mauvais état, en 1616, on dut retirer les cloches qui s’y
trouvaient pour les mettre dans la grande tour de la façade. Le
clocher ne fut démonté qu’en 1694, au grand déplaisir des
paroissiens.
Elle possédait une nef principale de sept travées, accompagnée de
doubles collatéraux de même longueur. Ces cinq nefs, voûtées de
pierre formaient un cas unique dans les églises de la ville.
Le chevet, à l’est comme il était de coutume, était à trois pans. On
supprima les meneaux des fenêtres inférieures en 1720, pour leur
donner la forme plein cintre.
Les collatéraux étaient terminés vers l’est par quatre chapelles.
Les deux portails latéraux donnaient, l’un sur l’aître St-Jean
(cimetière de la paroisse), l’autre sur la rue St-Antoine, face à la
commanderie du même nom. La tour carrée, inachevée, au toit
quadrangulaire était coiffée d’un clocher : une petite flèche de
belle facture, fort élégante. Le portail occidental accompagnait
cette tour. Il était de forme ogivale avec une belle porte en chêne
à deux vantaux. |
Après 1789, elle a été conservée au nombre des
paroisses à cause de sa solidité et de son ampleur,
l’église a servi de salle de réunion pour la Société
Populaire (Société de Montagnards, émanation du Club des
Jacobins), dès 1791. Elle fut vendue en 1796 à un
marchand nommé Quesney-Moulin, pour une somme de 75.000
livres, avec les boutiques de la rue St-Jean. Elle fut
presque totalement rasée en 1817. Son emplacement et ses
matériaux permirent d’établir le passage St-Jean où se
concentra le produit des fabriques de rouennerie. On y
avait établi une synagogue. La rue de l’Impératrice,
(actuelle rue Jeanne d’Arc), occupa presque
l’intégralité du site entièrement dégagé en 1862. Les
ultimes pans de murs de l’église, disparurent alors. |
Planche de Gaalor
Livre des Fontaines de Jacques Le Lieur |
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Clergé |
En 1770, le clergé se composait de 18 personnes :
13 prêtres
5 acolytes |
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Mobilier |
Cette riche paroisse avait doté
son église d’un mobilier important et de qualité. De nombreuses
statues décoraient l’intérieur et l’extérieur. La décoration du
sanctuaire fut de nombreuses fois refaite, la dernière en 1723.
Il a été dispersé à la Révolution.
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Tableaux |
Deux tableaux de Jean-François de Troy sont conservés au Musée
des Beaux Arts de Rouen : L'Ascension (1721) et
L'Assomption de la la Vierge.
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L'Ascension |
L'Assomption de la
Vierge |
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Vitraux |
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Deux vitraux nous sont connus par des gravure
d'Eustache Hyacinthe Langlois.
Ils représentent deux épisodes du Miracle de
Notre-Dame, ou l'Histoire de Théophile. |
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Des vitraux ont été retrouvés en Angleterre. Ils avaient été
enlevés en 1802 par un hollandais du nom de Van Hammp associés à
Stevenson. La provenance de la Cène conservée à Londres, au
Victoria & Albert Museum, est assurée, ce qui n'est pas le cas
de la grande
Crucifixion de la cathédrale d'York.
Des
scènes de la vie de saint Jean-L'évangéliste conservées à la
cathédrale de Wells (6 scènes dans la chapelle Sainte-Catherine), et à Glasgow
(3 scènes).
Une scène datée de 1507 et représentant la Décolation de saint Jean-Baptiste, figure
dans la cathédrale de Wells (croisillon nord du transept, fen.
haute) Elle est aussi attribuée à Saint-Jean de Rouen par Jean Lafond.
Son auteur serait Arnoult de Nimègue.
Huit scènes de la vie de saint Jean-Baptiste conservées à Glasgow
pourraient également en provenir. A Gasgow toujours, deux panneaux
peuvent provenir d'une Vie de Saint-Jean l'Evangéliste.
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La Cène
(Londres, Victoria & Albert Museum) 1542 |
Crucifixion
(Cath. York) |
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Cathédrale
de Wells, Chap. Ste-Catherine - Vie de saint Jean l'Evangéliste |
Aristodemus teste le poison |
Conversion d'Aristodemus, chute de la statue de Diane,
les disciples, vision des 7 bougies |
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Cathédrale de Wells,
Transept nord, Décollation de Jean-Baptiste |
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Glasgow,
Burrell & Kelvingrove
museum, Vie de Jean-Baptiste. |
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Glasgow,
Burrell & Kelvingrove
museum, Vie de Jean-l'Evangéliste. |
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Orgues |
Le premier orgue était de peu
d’importance. Il fut refait en 1547 par un certain Anthoine
Josselyne, avec un buffet de style Renaissance orné de statues et
d’emblèmes de la musique. En 1585, à 22 ans, Jehan Titelouze
(1563-1633) fut d’abord nommé organiste de l’église. Le père de la
musique d’orgue française, devint ensuite titulaire des grandes
orgues de la cathédrale de Rouen.
François d’Agincourt (1684-1758) en fut aussi titulaire de 1726 à
1758. |
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Cloches |
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Confréries |
Confrérie de saint
Michel.
Confrérie de Note
Dame de Pitié, pour les marchands fruitiers.
Confrérie de la
Nativité de notre Seigneur et de saint Clair pour les lunetiers,
miroitiers, doreurs.
Confrérie de la
Nativité de la sainte Vierge, pour les rubanières, frangières,
dentellières.
Confrérie de saint
Louis, saint Marceau, pour les merciers unis.
Confrérie de la
sainte Vierge, sainte Foy, pour les peigners, cornetiers,
tabletiers.
Association de saint Roch dans la confrérie des saints Nicolas,
Jacques et Christophe, approuvée le 2 avril 1501. |
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Localisation |
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Bibliographie |
Histoire de la ville de Rouen, F. Farin, 3e ed., 1738, t. IV,
p.247-259.
Abrégé de l'histoire ... de la ville de Rouen, Lecoq de
Villeray, 1759, p. 315-316.
Dictionnaire géographique, historique et politique des Gaules et de
la France, J. J.
Expilly, Tome VI, 1770, p. 425-426.
Tableau de Rouen, Machuel, 1777, p. 101-105.
Description
historique des maisons de Rouen, E. de la Quérière, 1821,
p.212-224. T. II, 1841, p. 248-249.
Notes
historiques sur le Musée de peinture de la ville de Rouen,
Charles de Beaurepaire, B.C.D.A., 1852-1853, p. 430.
Notice Historique sur l'ancienne église Saint-Jean de Rouen, E. de
la Qurérière, 1860.
Répertoire
archéologique du départ. de la S.-Inf.,
Abbé Cochet, 1871, col, 390.
Rouen disparu, P. Chirol, 1929, pl. 10.
Rouen, Ville
d'art et d'Histoire, Eglises, chapelles et cimetières à travers les
âges. Edgard Naillon, T. 2, 1936
Répertoire des Anciennes Confréries et
Charités du diocèse de Rouen approuvées de 1434 - 1610. Abbé
Martin, 1936, p146.
Un conflit entre deux paroisses rouennaises.
Saint-Jean-sur-Renelle et N.-Dame-de-la-Ronde, H. Eloy, Bull.
AMR, 1946-50, P. 14
Tableaux
français du XVIIe s. et italiens des XVIIe et XVIIIe s.
P. Rosenberg, 1966, p. 131.
Des vitraux rouennais retrouvés en Angleterre,
F. Perrot, Bull AMR, 1976-1977, p. 38.
Rouen aux 100 Clochers,
F. Lemoine, J. Tanguy, 2004,, p.56-57.
Le vitrail en Normandie, entre Renaissance et Réforme
(1517-1596), Laurence Riviale, 2007, p.159.
Rouen à la Renaissance, L.-R; Delsalle, 2007, p.78-86. |