Saint-Martin du Pont |
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L’église
St-Martin-du-Pont, aujourd’hui disparue, était située
dans la rue St-Martin (devenue rue Grand-Pont) et la rue
de la Savonnerie, proche de la porte St-Martin (ou porte
du Pont). Elle a aussi porté le nom de
St-Martin-de-la-Roquette.
L’église St-Martin ne fut certainement à ses débuts
qu’une modeste chapelle construite à côté ou sur l’une
des portes de la cité. Son existence est attestée en
1025, mais devait être beaucoup plus ancienne. Le
vocable est souvent associé à des oratoires situés sur
des portes de villes, pour les protéger. Il est possible
qu’elle remonte à la seconde moitié du VIe
siècle. Il semble difficile de suivre la légende selon
laquelle elle était située sur un roc formant une île de
la Seine (la Roquette qui se retrouve quelquefois
associée à son nom).
C’était une simple chapelle aux murs de pierre et à la
simple charpente de bois. Attesté en 833, l’édifice
religieux auquel devait être adjoint une petite
communauté monastique se révélait très précaire et brûla
de nombreuses fois.
L’église St-Martin-du-Pont serait bien antérieure aux
premières estimations avancées qui la faisaient remonter
au Xe siècle. Elle serait effectivement
apparue au moins depuis le VIe siècle.
Grégoire de Tours mentionne une « basilique de St-Martin
construite en planches de bois le mur de la cité », où
se réfugièrent la reine Brunehaut et Mérovée en 576.
Certains ont placé cette église à St-Martin-sur-Renelle,
mais cette dernière était située à plus de 80 mètres à
l’ouest du rempart et non sur ce dernier. |
D’après Dudon de Saint-Quentin, c’est
non loin de St-Martin que débarqua, vers 906, le futur
chef de la Normandie, Rollon. En effet, devant
St-Martin-de-la-Roquette, ce chef norvégien, à la tête
d’une puissante horde de guerriers principalement
d’origine danoise, s’arrêta pour piller la cité.
A cette époque, il n’est pas sûr du tout qu’il y ait eu
un pont permanent. Les premières mentions se trouvent en
1025 dans un acte de Richard II, en 1030 dans la charte
de fondation de l’abbaye de la Trinité-du-Mont-de-Rouen
et en 1090 dans Orderic Vital au sujet. Au XIIe
siècle, Mathilde l’Emperesse finança le nouveau pont, en
pierre et à treize arches, qui passa à la postérité sous
le nom de Pont Mathilde. C’est surtout ce pont qui donna
son surnom à l’église St-Martin. L’église, désormais
rattachée à la rive droite, devint St-Martin-du-Pont ou
du Grand-Pont.
Les “Terres Neuves” des berges de la Seine furent peu à
peu bâties et l’église fut considérablement agrandie.
Lorsque l’église paroissiale St-Clément fut concédée aux
Cordeliers, en 1249, et supprimée en tant qu’église
paroissiale, une partie de ses anciens paroissiens fut
attribuée à St-Martin-du-Pont. En 1251, l’archevêque
Eudes Rigaud étendit encore le territoire de la paroisse
en y incluant la partie du faubourg St-Sever la plus
proche de la Seine. La chapelle St-Yves était alors
rattachée à la paroisse en tant qu’annexe et ensuite
succursale paroissiale. Les cloches de St-Martin-du-Pont
conviaient les fidèles de l’autre rive, ceux du “bout du
pont” (qui ne relevaient pas de St-Sever mais de
St-Yves), aux messes dominicales de St-Martin-du-Pont.
En contrepartie, les paroissiens habitués de St-Yves
invitaient ceux de la rue Grand-Pont à certains offices
particuliers en semaine.
L’église St-Martin-du-Pont avait été primitivement l’un
des nombreux édifices religieux entrant dans les
dépendances de la puissante abbaye des Bénédictines de
St-Amand de Rouen.
Le collatéral gauche formait une belle chapelle dédiée à
sainte Anne, qui aurait été édifiée, en 1396, par
Guillaume Alorge (maire de Rouen en 1375-1376) et par
son fils aîné, Robert.
De même, le collatéral droit était formé d’une chapelle
de la Vierge bâtie au milieu du XVe siècle
par la famille Le Lieur, qui donna-t-elle aussi
plusieurs maires à la ville. Les familles Alorge et Le
Lieur possédaient initialement le territoire entier de
la paroisse. Leurs armoiries étaient apposées en
plusieurs endroits dans l’église. Leurs concessions
résultaient d’un partage ancestral pratiqué par les ducs
de Normandie.
La flèche de l’église St-Martin-du-Pont était d’une
structure originale. Elevée au début du XVIe
siècle, la pyramide bigarrée de maître Delarue se
caractérisait par son style moitié antique, moitié
moderne, et demeurait très différente du style gothique.
Primitivement, la base du clocher avait été bâtie sur
l’emplacement et sur les ruines d’une ancienne tour,
vestiges d’une construction frappée par la foudre le 28
mai 1413.
L’église eut à subir, en 1562, des déprédations causées
par les Huguenots comme bien des édifices religieux de
Rouen. |
En 1642, le coq du
clocher de St-Martin-du-Pont fut abattu par
la tempête, comme ceux de St-Cande-le-Jeune,
St-Maclou, St-Denis, et la cathédrale.
La flèche, constamment consolidée, fut
entièrement réédifiée de 1720 à 1737.
On ne connaît pas grand chose sur ce
qu’était l’église St-Martin-du-Pont. Les
seules images que nous en avons sont des
déclinaisons de celle donnée par Jacques Le
Lieur dans son livre des Fontaines.L’église
comportait une nef et deux collatéraux
voûtés de pierre. La tour du clocher se
trouvait à l’extrémité du bas-côté nord.
Elle était surmontée d’une flèche en
charpente bien connue grâce à son donateur
Jacques Le Lieur. Il s’agissait d’un
assemblage de charpente élevé par Robert
Becquet qui réalisa aussi la flèche
renaissance de la cathédrale.
L’église, supprimée en 1791, fut vendue
l’année suivante à un sieur Thibault, pour
110.500 livres. Elle a été démolie vers
1800. Depuis, son emplacement et ses
alentours avaient été appelés Cour Martin.
Avant la Seconde Guerre mondiale, un
restaurant dit “de la Cour Martin” s’y était
établi (10-12 rue Grand-Pont). |
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Clergé |
En 1770, le clergé se composait de 12 personnes :
6 prêtres
1 sous-diacres
5 acolytes |
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Mobilier |
Rien du mobilier de l’église St-Martin du Pont ne nous est parvenu.
Aucune description ne nous en a été faite. Nous savons seulement
qu’il y avait une horloge. L’église St-Vincent en hérita
après la Révolution. |
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Tableaux |
Une copie d'un tableau de Mignard, du XVIIe siècle,
La Sainte Famille, est supposé provenir de l'église
Saint-Martin du Pont. |
La Sainte-Famille |
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Clocles |
Une cloche de l’ancien temple protestant de Grand-Quevilly,
détruit vers 1685, avait été attribué à Saint-Martin du Pont. |
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Localisation |
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Bibliographie |
Histoire de la ville de Rouen, F. Farin, 3e ed., 1738, t. IV,
p.218-229.
Abrégé de l'histoire ... de la ville de Rouen, Lecoq de
Villeray, 1759, p. 307-308.
Dictionnaire géographique, historique et politique des Gaules et de
la France, J. J.
Expilly, Tome VI, 1770, p. 427-428.
Tableau de Rouen, Machuel, 1777, p. 118-121.
Description
historique des maisons de Rouen, E. de la Quérière, 1821, p.256.
T. II, 1841, p. 274.
Lettres sur la ville de
Rouen, Alexandre Lesguilliez, 1826, p. 316-317.
Coup
d'œil
rétrospectif sur 24 églises
paroissiales supprimées à la Révolution, E. de la Querrière,
Bull Ste d'Em., 1864, p.246.
Répertoire
archéologique du départ. de la S.-Inf.,
Abbé Cochet, 1871, col, 388-389.
Journal de Rouen, 18/10/1886, p. 2.
Peinture de la chapelle Alorge en l'église Saint-Martin du Pont,
Ch. de Beaurepaire, Bull. CDA, 1903-05, p. 94-97.
Rouen, Ville
d'art et d'Histoire, Eglises, chapelles et cimetières à travers les
âges. Edgard Naillon, T. 2, 1936
L'ancienne église Saint-Martin du Pont, G. Vanier, Bull. AMR,
1939-45, p.30.
Tableaux
français du XVIIe s. et italiens des XVIIe et XVIIIe s.
P. Rosenberg, 1966, p. 235.
Observations sur l'origine de quelques églises de Rouen,
J. Le Maho, Bull. CDA, 1994, 30-32.
Saint-Martin du Pont, une église rouennaise disparue,
L. Delsalle, Rouen, Forum, 2 nov. 2000, p.12.
Rouen aux 100 clochers, F.
Lemoine et J. Tanguy, 2004, p.68-69.
Rouen à la Renaissance, L.-R; Delsalle, 2007, p.530-535. |