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L’abbaye a été fondée en 1030 par un personnage
éminent : Gosselin, vicomte de Rouen, seigneur d’Arques
et de Dieppe. Le duc Robert le Magnifique la dota très
richement de propriétés proches et lointaines : moulins
sur le Robec et l’Aubette, prés de Sotteville, terres
dans les vallées de la Bresle et de la Touques. Ces
propriété furent encore agrandies par des biens en
Angleterre après la conquête par le duc Guillaume.
Gosselin avait choisi comme premier abbé, un moine de
St-Ouen qui avait été formé à St-Wandrille. Isambart
était un lettré et il fit beaucoup pour le renom de son
établissement. On lui prête la diffusion du culte de
saint Nicolas en Normandie.
Le
monastère a été appelé plus tard monastère de Sainte
Catherine. |
D’après la
légende, un moine syriaque du nom de Siméon serait passé
à Rouen à l’époque de la fondation. Etait-il un envoyé
officiel du monastère de Ste-Catherine du mont Sinaï, ou
un moine gyrovague ? Toujours est-il qu’il possédait une
insigne relique : un doigt de la sainte. Il a
semble-t-il essayé, en vain, de devenir abbé de la
nouvelle fondation. Sur le départ, il aurait offert à
l’abbaye un fragment de sa relique. Elle avait beaucoup
de vertus. Elle guérissait de la suette, du mal de dent
et de la stérilité féminine. Les moine, biens avisés,
introduisirent peu à peu ce vocable qui finit, à la fin
du moyen âge à supplanter même la Trinité.
Le monastère était une place militaire de première
grandeur. A la fin du moyen âge, avec l’invention de
l’artillerie, elle était devenue la clef de la ville.
Elle eut donc à souffrir des opérations militaires qui
ne manquaient pas de se dérouler autour d’elle à chaque
siège. Le Fort de Ste-Catherine qui l’entourait
fut la raison de ses malheurs. Las du danger qu’il
représentait, les rouennais obtinrent d’Henri IV sa
destruction. Ce fut le monastère qui fut détruit ! Le
cardinal de Bourbon, Charles Ier, avait créé
une chartreuse à Gaillon. Son successeur trouva plus
économique de la jumeler avec l’établissement du Mont de
Rouen. Les Chartreux
préférèrent s’installer au
Petit-Quevilly.
Le monastère fut abandonné. Ses pierres servirent, entre
autres, à la construction de la nouvelle Chartreuse.
Les bâtiments de l’abbaye étaient entourées de
puissantes murailles armées de tours qui en faisaient un
véritable forteresses. On y entrait par une porte munie
d’un pont-levis. Ses murailles existaient depuis au
moins le XIVe siècle. Nous avons peu
d’indications sur les dispositions intérieures.
La première église, construite lors de la fondation du
monastère, fut abattue en 1107 pour être remplacée par
une grande église. La concordance de date amène à penser
qu’elle devait ressembler à l’église de l’abbaye de
Boscherville. Elle avait la forme d’une croix et
possédait une tour lanterne à la croisée de la nef et du
transept. Cette tour était surmontée d’une toit
d’ardoises assez bas. L’intérieur était décoré de
peintures. Un seul chapiteau a été conservé. Il est
maintenant dans le jardin du Musée Départemental des
Antiquités. Les colonnes cylindriques et la corbeille
ornée de feuilles d’acanthes sont proches des colonnes
du chœur du XIIIe, siècle de la cathédrale.
Le monastère avait disparu depuis longtemps lorsque
survint la Révolution. Son emprise a été envahie par la
végétation. En 1994, un sondage archéologique, juste à
l’emplacement de l’ancienne abbatiale, a permis de
relever les niveaux archéologiques. |
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Histoire de l'abbaye de la très sainte Trinité, F. Pomeraye,
1662.
Histoire de la ville de Rouen, F. Farin, 3e ed., 1738, t. V, p.
376-378.
Abrégé de l'histoire ... de la ville de Rouen, Lecoq de
Villeray, 1759, p. 348-350.
Dictionnaire géographique, historique et politique des Gaules et de
la France, J. J.
Expilly, Tome VI, 1770, p. 438.
Cartulaire
de l'abbaye de la Sainte Trinité du Mont de Rouen, A. Deville,
1840.
Publication du Cartulaire de l'ancienne abbaye de Sainte-Catherine,
A. Deville, Précis Acad., 1843, 264.
Notice sur la Côte Sainte Catherine, L. de Duranville, Revue de
Rouen, 1849, 174-190 et 225-244.
Normanniae nova chronica, A. Cheruel, 1851.
Essai sur l'histoire de la Côte Sainte Catherine, L. de
Duranville, 1857.
Rouen ville forte, L. de Duranville, 1867.
Dalle d'un abbé de Sainte-Catherine du Mont, Bull. CDA,
1867-1869, p. 241-242.
Répertoire
archéologique du départ. de la S.-Inf., Abbé Cochet, 1871, col,
376.
Trois chroniques en une seule, B. et D. Gerlaud,,
1883.
Souvenirs de l'abbaye de Sainte-Catherine, E. Pelay, Bull. CDA,
1903-1905, p.112.
Abbaye de la Sainte-Trinité, Bull. CDA, 1920-1931, p. 15 et
1938-1944, p.112.
Le mont Ste-Catherine: l'abbaye forteresse, H. Eloy, Bull. AMR,
1395-38, p. 55, 56, 123-162.
Le Mont de Rouen, De l'abbaye Sainte-catherine à nos jours,
Panorama, 1997.
Rouen aux 100 clochers, F. Lemoine et J. Tanguy, 2004, p.
104-105. |