L'histoire de la Jouvence de l'Abbé Soury est intimement liée à notre histoire régionale. Sa recette a vu le jour à l'est de Rouen, dans cette adorable petite chapelle qui domine la Seine. Son développement a été le fait d'un pharmacien rouennais.
 
   

L'abbé Gilbert Soury (1732-1810) était né à Celloville (maintenant Saint-Aubin-Celloville). Remarqué par l'abbé Delarue1 qui tenait l'église du village, il acquit des connaissances dans le domaine des herbes curatives.

La petite église existe toujours, ainsi qu'une maison qui passe pour avoir été celle de ses parent ou celle de sa tante.

 


La chapelle Saint-Adrien

La chapelle de Saint-Adrien, créée en 1557, était un prieuré desservi par des chanoines Augustins.
L'abbé Soury, ordonné prêtre en 1764, obtint de desservir cette chapelle Saint-Adrien, située à l'est de Rouen.

La légende raconte qu'il compléta là ses connaissances dans les vieux grimoires et inventa un élixir qu'il appela "Tisane des deux Abbés, en souvenir de son vieux maître.

L'année même de sa nomination à Saint-Adrien, il fut nommé chapelain d'Alizay où il continua à soigner avec ses remèdes. La Révolution en fit un prêtre insermenté. Arrêté le 16 octobre 1793, il fut mis en prison à Evreux. Là il soigna le député conventionnel Robert Lindet d'un mal qu'on disait incurable. Elargi des geôles en 1795, mis en résidence surveillée à Rouen, il inquiéta les autorités en servant des messes. Expulsé de la ville, il dut se retirer dans sa maison natale à Celloville où il mourut en 1810.


Publicité dans le Journal de Rouen, 1910

La recette ne fut pas perdue. Méri Magloire Dumontier (1865-1904) était pharmacien à Rouen, au 1 de la rue Alsace Lorraine. Il prétendit avoir découvert la recette du digne abbé dont il se prétendait descendant. Il vendit tout d'abord l'élixir dans sa pharmacie avant de passer au niveau industriel à la fin du XIXe siècle, en créant une usine à l'est de la ville et en lançant de véritables campagnes de publicité . Il mourut toutefois ruiné et sa veuve dut liquider la succession. La Jouvence fut rachetée par un notaire de campagne nommé Cousin. Une modeste redevance était reversée à la veuve, qui devint bientôt conséquente avec le succès. Le notaire consentit au mariage de son fils Gaston avec la veuve. Le couple déposa de nombreux brevets (1912, 1927) et continua l'active campagne de publicité, en particulier dans le Journal de Rouen et dans les hebdos féminins. Seule la Jouvence trouva le succès.
Elle continue a être vendue en pharmacie pour les indications de troubles de la circulation. La notice nous indique qu'elle contient de l'Hamamélis de Virginie, du Vibrinum, du Calamus et du Piscidia. Ses qualités n'ayant pas été prouvées dans le cadre de la médecine moderne, et le service rendu n'étant pas suffisant, elle n'est pas remboursée par la Sécurité Sociale.


Le flacon actuel

L'enseigne réalisée par les frère Tois, célèbres ferronniers.
Elle va se retrouver sur les entêtes de lettres de la société.

De l'usine construite par Dumontier, il reste quelques vestiges au milieu d'une zone industrielle. Il s'agit vraisemblablement de l'entrepôt des matières premières.

(1) Voir la notice dans La Normandie Littéraire 1906, p.169-174
Bibliographie
Tanguy (Jacques), Rouen Insolite et Secret, Editions des Falaises, Rouen, 2011.
Raynal (Cécile) et Lefebvre (Thierry), Le laboratoire rouennais de la Jouvence de l'abbé Soury, Revue d'histoire de la pharmacie, n°92, 2004.
Passion généalogie (Internet)

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© Copyright Jacques Tanguy - décembre 2011

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