Le Gros-Horloge
La partie la plus ancienne
du monument est la tour, appelée communément le Beffroi. La tour actuelle remplace une
tour plus ancienne qui a pu appartenir à l'origine, à l'enceinte
du Bas-Empire. Cette tour jouxtait la porte ouest du castrum gallo-romain, la porte
Massacre. On sait peu de choses sur cette première tour si ce n'est que son noyau forme encore la base de la tour actuelle. Elle fut rasée par Charles VI en 1382 en punition de la révolte de la Harelle. A la suite de cette révolte les Rouennais avaient perdu leurs libertés communales qui leur avaient été données par Jean Sans-Terre au début du XIIIe siècle. Avec leur beffroi et la dépose de ses cloches, ils perdaient même le symbole de ces libertés. Les bourgeois, fort dépités de cette perte décidèrent de faire construire une horloge et profitèrent de l'occasion pour demander au bailli de Rouen l'autorisation de la placer là où se trouvait le beffroi. Le bailli comme le roi, dans des lettres lues au Conseil en 1389, ne pouvait s'opposer à cette demande. Le 5 août 1389, le conseil décide de construire une tour pour asseoir l'horloge. Dès le premier septembre, la tour est devenue le beffroi dans un autre délibéré. Faute de récupérer leur pouvoir, les bourgeois en ont au moins obtenu le symbole ! Depuis, pour les Rouennais, la tour de l'horloge a toujours été le Beffroi. Les travaux de construction durèrent neuf années : les finances de la ville étaient en mauvais état. Larchitecte en était Jehan de Bayeux, maître des ouvrages de la ville. Ils furent terminés, après 1398, par son fils. La tour était couronnée d'une flèche de charpente couverte de plomb. En 1707, la charpente menaçait de se rompre. Sur les plans du frère augustin Nicolas Bourgeois, on la remplaça, à partir de 1711, par un dôme circulaire surmonté dune lanterne. Lhorloge est une des plus anciennes horloges publiques de notre pays. Elle fut construite en 1389 un peu avant lachèvement de travaux de la tour. Commencée par un certain Jourdain Delettre a qui le travail fut ôté pour une raison qui nous demeure mystérieuse, elle fut achevée par Jean de Felain. Avec sa femme, ils furent ensuite chargés den prendre soin en échange dune résidence dans la tour. Il devint le premier gouverneur de lhorloge. Son mécanisme subsiste encore, avec très peu de modifications. Il a toutefois cessé de faire fonctionner les cadrans au-dessus de la rue du Gros-Horloge et les cloches sonnant les heures et les quarts dheure, remplacé en 1928 par une horloge électrique. Il fallut attendre le milieu du XVe siècle (1449), pour que la Rouvel, la cloche dargent (ce surnom vient de sa couleur claire due à une proportion élevée détain dans son alliage) qui avait sonné la révolte de la Harelle, soit enfin remontée dans la tour à côté de la Cache-Ribaut qui, sonnant le matin et le soir, servait à régler le travail des ouvriers. Avant la construction de lhorloge, la Cache-Ribaut avait servi à sonner le couvre-feu le soir (cest de là que vient son nom : elle indiquait qu'il était l'heure à laquelle les gens de mauvaise vie, les ribauds, se cachaient pour commettre leurs forfaits). A lorigine, lhorloge de Jehan de Felain se contentait se sonner les heures. Cest en 1410 que deux cadrans furent ajoutés au-dessus de la porte Massacre qui joignait lHôtel de Ville et le Beffroi. Le gouverneur de lhorloge Olivier Homo semble être lauteur de cette amélioration et linventeur de lingénieux système de tiges et de pignons qui transmettaient le mouvement du mécanisme aux cadrans. En 1527-29, on démolit la porte Massacre. Larcade fut reconstruite dans le style renaissance, surmontée dun pavillon sur lequel furent apposés deux nouveaux cadrans. Ce sont les cadrans actuels. En plus de l'heure, ils nous donnent les phases de la lune et les jours de la semaines traités en un de ces triomphes que nous rencontrons souvent sur les édifices de la renaissance rouennaise. Au pied du beffroi se trouve la fontaine du Gros-Horloge. La première fontaine fut construite en 1457. La fontaine actuelle date de 1734. Lensemble se complète par quelques vieilles maisons et forme lune des images les plus caractéristiques de notre ville. Des travaux en cours ont pour but d'y installer un très intéressant Musée du temps. |
Bibliographie |
D. Charlet, Le Gros-Horloge, Rouen, 2004. |
E. Chirol, Le Gros Horloge, Connaître Rouen, I, 1970. |
P. Chirol, R. Herval, Rouen à travers les âges, 1941, p. 128. |
L.-R. Delsalle, Rouen et les rouennais au temps de Jeanne d'Arc, 1982, p. 510. |
G. Dubosc, le cercle des heures, ou "Semainier" du gros-Horloge, Bull. AMR, 1886-18980, p.99-103. |
G. Dubosc, Le Beffroi de Rouen avant la Harelle, Bull. AMR, 1914-1920, p.60. |
G. Dubosc, A travers Rouen Ancien et Moderne, 1920, p. 98. |
G. Dubosc, L'énigme du Beffroi de Rouen, Par ci, Par là, I, 1932, p.89-101. |
F. Farin, Histoire de la Ville de Rouen, 1668, t. 1, p. 285. |
R.-L. Hainaut, Notice historique sur la Grosse-Horloge de Rouen, Cagniard, Rouen, 1887. |
R.-L. Hainaut, Jehan de Felains, Rouen, 1887. |
T. de Jolimont, Les Principaux édifices de la ville de Rouen en 1525, 1845, p. 79. |
D. Lavallée, La rue du Gros-Horloge, Image de Rouen, CRDP, Rouen, 1974. |
A. Lesguilliez, Lettres sur la ville de Rouen, 1826, p. 184, 186. |
N. Périaux, Dictionnaire Indicateur Historique des rues et places de Rouen, 1870-71, P. 27, 38, 264 à 267, 301. |
T. Licquet, Rouen, 1831, p.136. |
H. Loriquet, Le beffroi de Rouen, Lestringant, Rouen, 1906. |
A. Perinelle, V. de Haas, Rouen, Le Gros Horloge, 1982. |
G. Pessiot, Histoire de Rouen en photographies, I, 1981, p. 21, 162, 163. |
E. de la Querière, Notice historique et archéologique sur l'ancien Hôtel de ville, le Beffroy et la Grosse-Horloge, BSLEM, 1862-63, p.310. |
E. de la Quérière, L'Ancien Hôtel-de-Ville, le beffroi et la Grosse-Horloge de Rouen, 1864. |
Ch. Richard, Cloches du Beffroi de Rouen, Revue de Rouen, 1847, 17-27. |
J. Roubier, Rouen, L'art français dans la guerre, 1946. |
J. Tanguy, Rouen, Itinéraires d'un Rouennais, PTC, Rouen, 2005. |
© Copyright Jacques Tanguy - Juin 2006