Dans ma collection de médailles et de jetons
rouennais, j'ai retrouvé les deux jetons qui sont reproduits
ci-dessous. Ils mentionnent le Lendit de Rouen. Le terme paraît
étrange. Nous savons tous ce qu'était le Lendit : une foire
commerciale qui se tenait au moyen âge dans une plaine entre Paris
et Saint-Denis. L'histoire des foires de Rouen ne mentionne aucune
manifestation portant ce titre, en 1893 ou avant. Alors ?
J'ai quand même trouvé la réponse à cette question grâce à un
article de la revue les Annales de Normandie (1984, n°4, pp.
381-396), sous la plume de J. Desquennes : "Aux origines du sport
dans le calvados : le lendit normand 1892-1895".
Ile ne faut pas chercher de dimensions commerciale derrière ces
manifestations. La Ligue Nationale de l'Education Physique avait
choisi ce terme en 1888 pour nommer les concours d'exercices
physiques qu'elle organisait à Paris pour les étudiants et lycéens.
Dès 1890 on y accueillit les compétiteurs de province. Le terme de
Lendit fut choisi car les foires parisiennes du moyen âge étaient
l'occasion de jeux et de joutes pour les étudiants.
C'est en 1892 que l'Académie de Caen se lança dans la lice. Quatre
compétitions se déroulèrent : 1892 et 1894 à Caen, 1893 à Rouen et
1895 à Evreux.
Le programme rouennais était le suivant :
20 mai : Punch.
21 mai Matin : Epreuves
Après-midi :
Défilé, épreuves sur le Cours-la-Reine, Banquet.
22 mai Epreuves et distribution des prix au Grand Théâtre.
Les épreuves étaient : Equitation, Escrime, Tir, Boxe, Football,
Course de vitesse, Saut en hauteur, Bicyclette, Gymnastique aux
agrès.
Les Lendits Normands n'eurent qu'une existence éphémère. Ils ont eu peu de
répercussion dans la presse. Patronnés par le rectorat, celui-ci n'en était pas le moteur. Les
villes participèrent (voir nos médailles), ainsi que certaines
institutions (la Chambre de Commerce de Rouen par exemple). Les
lendits était perçus par les courants de droites comme essentiellement
républicains et l'absence de soutien de la presse catholique et
conservatrice est explicite de leur rejet.
La principale raison de l'échec est certainement interne : ce
n'était pas une institution stable. Il n'y avait pas de comité
permanent et les différentes disciplines s'affrontaient.
Les deux médailles ci-dessous, l'une d'or et l'autre d'argent ont
été remises comme prix. Elles avaient été offertes respectivement
par la Chambre de Commerce et par la Ville. |