GIOVANNI DA VERRAZZANO
Que savons-nous de Jean de
Verrazzane, Giovanni da Verrazzano en italien ? |
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Nous savons qu’il était né vers
1485, de Pietro Andrea da Verrazzano et de Fiammetta capelli son épouse.
Il avait au moins quatre frères dont l’aîné s’appelait Bernardo
et était banquier. Ensuite venaient Nicolo, Piero, notre Giovanni et
enfin Girolamo (Jérôme) qui l’accompagna dans ses voyages. Son lieu
de naissance est controversé. Sa famille avait des terres à Val di
Greve, mais aussi une maison à Florence dans une rue qui porte
maintenant son nom. Sa jeunesse reste un peu mystérieuse. Il est
toutefois vraisemblable qu’il bénéficia d’une solide formation
comme l’atteste la qualité de la rédaction de sa lettre à François
Ier. Quel était le contexte de cette
époque ? Rouen |
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La première expédition Il semble bien que ce furent les marchands italiens de Lyon qui servirent d’intermédiaires pour la venue de Verrazzane auprès de François Ier. Cette ville admirablement située sur les chemins du grand commerce entre le bassin de la Méditerranée et les plaines du nord ouest, avait attiré un nombre appréciable de commerçants et surtout de banquiers qui avaient établi leur base à mi-chemin entre l’Italie, la Flandre, l’Allemagne. Ces riches italiens jouaient un rôle important dans les flux financiers, en particulier en prêtant aux finances royales lorsque le besoin s’en faisait sentir. Les conditions étaient réunies pour faire de notre région le point de départ d’une expédition : l’argent des italiens de Lyon en contact avec leurs compatriotes à Rouen, les navires et les équipages aguerris de la côte normande et la volonté royale de damner le pion à l’ennemi exécré. Cela urgeait même car la concurrence était rude et nos villes et nos ports étaient sous la surveillance attentive d’espions, en particulier portugais. |
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Quatre navires furent donc mis
en chantier et, en quelques mois, la petite armada était prête à
prendre la mer. Vers le milieu de 1523 (quelques mois à peine après le
retour de Magellan), les navires prirent la mer en direction du nord
ouest, sur la route que prenaient pêcheurs bretons et normands en
direction du grand banc depuis le haut moyen âge (Ont-ils alors découvert
l’Amérique bien avant Christophe Colomb, c’est une autre histoire). Hélas, la tempête provoqua la perte de deux unités et obligea à un retour forcé vers un port breton. Il ne restait que la Normande et la Dauphine. Réparés, les équipages complétés (il y avait eu quelques défections), les bateaux repartirent, vers le sud cette fois, itinéraire plus dangereux politiquement car dans la sphère d’influence hispano-portugaise. Après une escale près de Madère où la Normande, avariée prit le chemin du retour, la Dauphine mit le cap plein ouest le 17 janvier 1524. Le 7 mars, elle atteignait le continent américain dans une zone non encore explorée correspondant à la Caroline du Nord actuelle. L’expédition descendit d’abord vers le sud, mais, prudent, Verrazzano décida de faire demi-tour et de se diriger vers le nord pour éviter d’éventuelles mauvaises rencontres avec les Espagnols qui s’étaient installée dans la Floride actuelle. Longeant les cotes des actuels états de Caroline du Nord, de la Virginie, de Delaware et du New-jersey, il crut parfois trouver le fameux passage du nord ouest objet de son expédition : Longeant par exemple un isthme il crut que l’étang qui se trouvait derrière était la mer baignant la Chine et le Japon. |
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Il découvrit l’estuaire du fleuve Hudson
et fut séduit par la richesse de cette région qui est maintenant la
ville de New York. Il mérite donc que l’on ait donné son nom à
l’un des gigantesques ponts qui traversent le fleuve dans cette ville. Il relâcha dans la baie de Newport (qui ne portait pas encore ce nom, aussi l’avait-il appelé le refuge). Il y résida une quinzaine de jours, fraternisant avec la population autochtone. Il poursuivit son chemin jusqu’au Canada. Aux abords de l’île de Terre-neuve, ayant épuise ses provisions, désespérant de trouver le passage du nord ouest, il mit le cap vers l’est, suivant la route des pêcheurs bretons et normands. Le 8 juillet 1524, il était de retours à Dieppe d’où il écrivit sa lettre à François Ier, relatant son voyage. |
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La deuxième expédition Dès ce moment, il ne vécut que pour repartir. Pour cela, il lui fallait populariser ses découvertes : c’était le but de sa lettre au roi, mais aussi à ses commanditaires lyonnais et italiens, ce qui explique que c’est en Italie que l’on ait retrouvé les exemplaires connus. Il partit pour Lyon, emportant avec lui des échantillons de produits qu’il avait collectés outre Atlantique. Il devait y rencontrer non seulement ses commanditaires du premier voyage, mais aussi vraisemblablement le roi lui-même. Il fut certainement déçu de ces contacts. Le roi avait quelques soucis avec la Provence que Charles Quint avait envahit avant de se faire prendre prisonnier à Pavie (1525), les banquiers italo-lyonnais vraisemblablement déçu des résultats économiques de la première expédition durent être peu chauds pour financer la deuxième. Ils n’étaient pas dans le « tour de table » de celle-ci. Il revint en Normandie. C’est à Rouen qu’il constitua une nouvelle compagnie en vue de ce deuxième voyage. En avril 1526, en compagnie de cinq normands, il réunit les 20.000 livres nécessaires. Avec lui des personnages aussi importants que l’amiral Chabot, Guillaume Prudhomme, Trésorier Général de Normandie (dont la maison là où est maintenant la préfecture figure sur une des planches du Livre des Fontaines), Pierre d’Espinolles, Jacques Boursier et Jehan Ango. |
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Pendant deux ans, les préparatifs furent
poussés et c’est le 17 mars 1528 qu’elle mit les voiles pour
l’Ouest. On ne sait pas très bien quel fut le trajet de cette deuxième expédition de Jean de Verrazzane. Ce que l’on sait, grâce au poème de Jules Jove mentionné plus haut, c’est qu’il longea les côtes de la Floride puis, virant de bord, s’engagea dans les Antilles. Il y cherchait toujours un hypothétique passage vers le grand océan de l’ouest, recherche vaine, nous le savons maintenant, jusqu’à ce que l’on creuse le canal de Panama. C’est là, quelque part vers la Guadeloupe ou la Martinique, qu’il fut surpris par une tribu de caraïbes anthropophages, tué et mangé. Son frère Girolamo, cartographe de l’expédition, qui était resté à bord avec une partie de l’équipage lui survécut assez longtemps. Il dessina une carte des découvertes de son frère où les terres nouvelles portent le nom de Verrazzana (Verrazzanie) ou Nova-Gallia (Nouvelle France). |
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Quel est le bilan de ces
aventures ? Et Rouen dans tout cela ? Jacques Tanguy 30/9/2003 |
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Ce texte est celui d'une conférence
faite devant les membres de l'association "Rouen-conquérants"
en septembre 2003. |
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