Hôpitaux Belges de Rouen et de Bonsecours

 
Dès le début des hostilités, des soldats Belges avaient été soignés à Rouen, en particulier à l'hôpital Complémentaire n°6 (Lycée de jeunes Filles) et à l'hôpital Saint-Georges. Ils étaient toutefois dispersés dans une multitudes d'autres établissements, ce qui ne favorisait pas le travail. En particulier, beaucoup des blessés restaient profondément handicapés. Il fallait donc trouver un moyen de les rassembler et d'ajouter à la partie soin, une partie rééducation.

Un premier centre de soin avait été inauguré le 23 décembre 1914, en présence du Ministre de la guerre, Baron de Broqueville. Il était installé rue Saint-Lô, à Rouen, dans les locaux de l'Ecole primaire supérieure et Professionnelle. La mise en place se fit par le comité Anglo-Français de la Croix-Rouge britannique et Melle Beatrice Eleanor Dormer Maunder1. Il avait pris le nom d'Hôpital Anglo-Belge Albert 1er.
Outre les amies de Mme Maunder, qui l'avaient suivie dans son reli, le personnel était composé d'infirmières britanniques faisant partie du "College of ambulance humanitorian corps". le financement provenait de la Croix-Rouge britannique et de donateurs privés, le gouvernement belge payant pour l'hospitalisation de ses blessés.
La direction était confiée au médecin principal de 1re classe Deltendre, assisté du médecin traitant Dam.
L'hôpital comptait 60 lits, mais sa capacité dut être portée rapidement à 350. Il y avait 6 salles, des réfectoires, des vestiaires. Il était prévu d'y installer une chapelle et une salle de concert et une salle d'opération.
Bientôt trop exigu, il dut ouvrir des annexes à Orival Saint-Hellier (près d'Auffay) (275 lits) et Saint-Aubin-lès-Elbeuf (350 lits).
Il disposait, de plus, d'importants moyens de physiothérapie.

En novembre 1915, on se résolut à créer un établissement plus grand et mieux adapté. On choisit le plateau des Aigles, non loin de la Basilique et du Casino. Il y avait là un ancien champ de courses, et le propriétaire, M. Devaux, accepta de le mettre à la disposition des autorités belges.
On décida de faire un embranchement prolongeant la ligne du tramway de Bonsecours jusqu'aux nouvelles installations. Les fluides (eau et électricité) étaient fournis par la station du funiculaire.
Les travaux commencèrent le 5 janvier 1916, les premiers malades arrivèrent le 2 juin et l'inauguration se fit le 28 juillet. Ils avaient été réalisés par les soldats belges.
On construisit 72 pavillons en planches de 23 m de long, selon un type du génie militaire belge  du lieutenant-colonel Walens.
L'hôpital contenait au départ 1150 lits. Plus tard, la capacité hospitalière a été portée à 1800 lits.
Il y avait six réfectoires pour les malades (transformables en salles de réunion) et deux pour les infirmiers. Six bâtiments sont utilisés pour les traitement médicaux et 22 pour les services administratifs et le logements du personnel.
Il était dirigé par le docteur de Marneffe ancien chef du service de physiothérapie de l'hôpital de Bruxelles, assisté des docteurs Bormans, Hamesse, de Watripout, Petit et Schillings. De plus, sept médecins gymnastes étaient affectés à l'établissement.
Une équipe de vingt infirmières anglaises étaient dirigées par Mrs Thompson.

La partie médicale comportait des services de chirurgie, de stomatologie, de physiothérapie, d'hydrothérapie et d'électrothérapie (trente bains équipés), de mécanothérapie (72 appareils).

Les infirmières étaient anglaises au départ. En 1918, elles ont été relevées par des infirmières belges.

S'y ajoutaient un laboratoire de chimie et des ateliers de fabrication de prothèses qui fournissaient aussi les autres hôpitaux militaires belges du Havre et de Cabourg.

D'autres services s'occupaient du confort des infortunés blessés : 5 réfectoires, une bibliothèque, des salles de gymnastique.

Il a été fermé en septembre 1919.
On y a transféré l'Hôpital n°48 qui se trouvait dans la Caserne Hatry.

17 804 soldats y avaient été soignés. 74 y sont morts et 49 ont été enterrés dans le cimetière de Bonsecours.
 

 
Bibliographie
Journal de Rouen, 14  janvier 1915, p.2.
Journal de Rouen,
12 mars 1915, p.2
Journal de Rouen,
20 mars 1915, p.2
Journal de Rouen,
7 février 1916, p.2.
Journal de Rouen,
29 juillet 1916, p.2.
Journal de Rouen,
2 avril 1919, p.2.
Journal de Rouen, 29 juillet 1916, p. 2.
Rouen-Le Havre 1914-1918,
Yves Buffetaut, Ysec, Louviers, 2008.
Côté Rouen, 12 au 18 décembre 2011.

Internet

 
1 - Beatrice Eleanor Dormer Maunder (1867-1937)
Dès le début de la guerre et avec l'aide d'un groupe d'amies, elle avait créé un hôpital pour les soldats belges au Kursaal d'Ostende et une ambulance pour les officiers installée à l'Hôtel Continental.
L'avancée allemande fit évacuer ces installations. Melle Maunder offrit ses services au général Sellier de Morainville qui la mit en contact avec le général inspecteur de l'armée belge, le médecin principal de 1re classe Deltendre
Elle a été décorée de l'ordre de Léopold.
Elle s'est mariée avec M. Georges Knowles en avril 1920.

© Copyright Jacques Tanguy, décembre 2012