Marguerite Corneille
et le couvent du Sang-Précieux
 du faubourg de Cauchoise

Marguerite Corneille.
Marguerite était la dernière fille de Pierre Corneille. Peut-être déjà pensionnaire dans son enfance de la communauté du Sang-Précieux, dans le faubourg de Cauchoise, elle décida d'y rester. En 1663, elle en faisait partie sous le nom de marguerite Corneille de la Trinité. Son père revint à Rouen pour sa prise de voile et lui avait donné une rente de 300 livres hypothéquée sur la maison de Petit-Couronne. Cette rente fut rachetée, 3.000 livres, après la vente de la maison de la rue de la Pie.
Nous connaissons que peu de choses sur la vie conventuelle de Marguerite. Il semble qu'elle ait pris des responsabilités. Elle portait la charge de supérieure de la communauté en 1702, puis de 1713 à 1718. Elle dut mourir peu de temps après cette dernière date.
Le couvent du Sang-précieux.
Ce couvent avait été créé en 1658. A cette époque, l'évolution consécutive au concile de Trente amenait un retour vers une grande rigueur monastique. Les Dominicains établis à Rouen, hommes et femmes, avaient perdu une partie de leurs qualités primitives. La duchesse d'Aumale fit venir à Rouen des religieuses du monastère d'Aumale où la rigueur était plus grande. Grâce à l'appuis du gouverneur de la Normandie, le duc de Longueville, elle parvint à surmonter les difficultés soulevées tant par la Ville que par le Parlement, inquiets de la prolifération d'ordres dont la solidité financière n'était pas assurée. L'accord ne fut donné qu'à conditions qu'elles s'interdisent toute quête et d'entrer dans la ville. Leurs ressources étaient limitées aussi durent-elle prendre des pensionnaires. La communauté compta jusqu'à cinquante religieuses de cœur.
cette médiocrité des ressources jointe à l'avancement en age des sœurs amena la perte de l'institution. Vers 1715 un recours à une tombola fut envisagé. La décadence s'accélérant, le roi leur défendit en 1732 de recevoir des novices. C'était la fin. En 1742 il restait 13 religieuses et 3 converses, en 1765, une religieuse et une converse. 
Le décret d'extinction est du 17 décembre 1764, enregistré par le Parlement en mars 1765.

Le Faubourg Cauchoise à l'époque de Pierre Corneille d'après de plan Zeller (1655)
On ne sait pas exactement où était situé le couvent des sœurs du Sang-Précieux. Les textes le situent entre la rue Saint-André et Crevier (N°406 sur le plan). La rue Saint-André était perpendiculaire à la rue Crevier, au dessus de l'église Saint-André (Dite Hors la ville pour la différencier de la paroisse Saint-André de la ville, en bas de la rue Jeanne d'Arc actuelle, elle était située sur la place Cauchoise, juste au débouché de la porte du même nom. N°407). 

Copyright Jacques Tanguy - décembre 2005